mercredi 25 mai 2016

La sagesse du vin...

...qui croirait en ces temps troublés trouver dans un texte écrit par un auteur musulman l'éloge du vin en tant qu'anxiolytique ? J'ai pourtant trouvé une perle de ce genre dans le livre Poésie Arabo-Andalouse édité chez Michalon.
L'auteur, Al-Mu'tamid Ibn 'Abbad,vécut au XIè siècle. Il fut le fils d'un Rey de Taifa de Séville, auquel il succéda en 1068 avant d'être exilé au Maroc et d'y mourir en 1095. Chevalier, mécène, il est aujourd'hui surtout connu comme poète : poète de la douceur de vivre, puis de l'exil. Probablement sous son règne les relations avec les juifs de son royaume étaient-elles bonnes, puisqu'au moins un poète juif (Yosef Ibn Saddiq, ou Abou Amir) a dédié un de ses poèmes au vizir de Mu'tamid.

J'ai un peu joué avec le texte de Mu'tamid intitulé Sagesse, pour arriver à ceci :


Le livre dont j'ai tiré le poème est une anthologie de poèmes choisis par Farouk Mardam-Bey et Rachid Koraïchi :
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Pour ceux qui ont la flemme d'essayer de lire la traduction sur le tour de la page (sachez que vous me décevez beaucoup) :

SAGESSE

Abreuve ton coeur, il guérira
Et vis ta vie, elle s'en va déjà !

Devrait-elle durer mille ans pleins
Que je ne pourrais en être las

Vas-tu t'affliger jusqu'au trépas
Quand le luth et le bon vin sont là ?

Résiste à l'assaut de tes tourments
La coupe est une épée, brandis-là !

La raison te noie dans tes soucis
Le sage est celui qui ne l'est pas.


Al-Mu'tamid Ibn Abbad


mardi 10 mai 2016

Attaquer le FN sur ses idées

Il paraît en ce moment un livre sur le programme du FN. Ecrit par Maël de Calan, ce livre met en avant les contradictions dudit programme pour mettre ce parti politique devant ses incohérences techniques.
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Soyons clair : de Calan ne sera jamais quelqu'un pour qui je voterai, et de préférence si je pouvais éviter de voter Juppé l'an prochain, ça m'arrangerait aussi. La date de parution de ce travail rend indiscutable son caractère électoraliste - comme les dernières décisions de Hollande sur le bio, d'ailleurs, mais là n'est pas la question, c'est après tout le cas de tout acte de personne politique à partir d'il y a au moins six mois jusqu'à dans un an.
Pour autant, au moins, il fait la démarche de combattre le FN sur le fond (il y aurait sans doute moyen de faire une blague sur le fond du FN, mais je suis trop fatigué) ; et il n'y a pas de doute sur le fait que c'est fait trop rarement. Je n'ai pas lu ce bouquin mais la démarche peut quand même être saluée.
En son temps, Médiapart l'avait fait également, et il y a toujours matière à tirer profit de cette saine lecture.
Lorsque je vois passer ce type de livre, je me demande toujours : qu'est-ce que je raconterai si je devais débattre avec un type du FN, du genre un baratineur comme Philippot ? Parce que tous ne rentrent pas dans la catégorie des gens interviewés par Guillaume Meurice. Le FN est devenu plus "professionnel", moins "artisanal coup d'gueule mandale", que du temps de papa/papy Jean-Marie. Alors bon, si les partisans de Juppé et consorts trouvent dans ce bouquin de quoi claquer le bec à un gars du FN, si les frontistes se font taper dessus de tous bords, de droite comme de gauche, alors moi...ça m'va.

dimanche 8 mai 2016

Et vive Jeanne d'Arc...

Pour une fois que la bande à Vanheonacker me fait rire, le CR d'une visite de Guillaume Meurice à la fête de Jeanne d'Arc du FN :


Bon, en vrai, ils se sont améliorés depuis leur arrivée sur les ondes d'Inter ; sauf Vizorek, toujours aussi plat et avec cette irritante manie de faire une pause après chaque blague histoire de bien signaler où il faut rire (en même temps, il vaut mieux, souvent).

lundi 2 mai 2016

Islam des lumières...religions éclairées ?

Je ne suis pas quelqu'un de religieux.
 L'éducation que m'ont inculquée mes parents (mon père, anticlérical convaincu, ma mère pas loin de l'être aussi ; tous deux par ailleurs très ouverts au monde et tournés vers l'autre), et les lectures / discussions dont j'ai pu me nourrir, m'ont amené à penser que, si une certaine spiritualité n'est pas une tare, les églises, quelles qu'elles aient pu être, ont sans doute été son plus grand ennemi dans l'Histoire.
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Trouvez-moi une religion où on ne finit pas pas vous dire un truc comme ça...
 
Probablement, les temps que nous vivons actuellement en sont une nouvelle preuve, une preuve qui s'inscrit dans un chapelet de faits historiques qui ne peuvent que me conforter dans cette opinion : lorsque le pouvoir temporel soit s'abrite derrière une apparence de spiritualité, ou est associée à une vision étroite et fanatique de ladite spiritualité, on n'obtient en général qu'actes violents, lâches ou les deux.
Pour prendre des exemples dans la religion chrétienne, celle que je connais mieux (comme une grande partie de l'Occident), pour une religion qui prône l'amour de son prochain, c'est pas très joyeux - dans le désordre : destruction des Cathares, Saint-Barthélémy, Inquisition, etc., et ce sans compter les occasions d'agir pour le bien non mises à profit (Pie XII, si tu nous entend...).
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Le massacre de la Saint-Barthélémy : un festoche un peu mou
 
Pourtant, il existe également des exemples dans l'Histoire où des religions ont pu s'entendre suffisamment bien pour vivre en harmonie. L'exemple souvent mis en exergue est celui d'Al-Andalus.
Durant environ 700 ans, les trois religions monothéistes dites "du livre" auront pu vivre en relative bonne entente, avec par moments de véritables pics d'échanges culturels et philosophiques
Il n'est pas question d'idéaliser cette période, qui est après tout étroitement liée à un cycle de conquêtes guerrières, et où, pour reprendre une expression célèbre, "la vie [ne fut] pas un long fleuve tranquille"; mais de la promiscuité plus ou moins forcée qui en a résulté, des trésors d'humanité ont émergé. Averroès, Maimonide sont de cette époque-là ; et pour ne prendre qu'un autre exemple, sans le multilinguisme qui avait cours à cette époque, il est probable que la pensée des philosophes grecs nous serait parvenue bien plus tard.

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Averroès et Maimonide (statues toutes deux à Cordoue, ville de leur naissance)


Lorsque Malek Chebel lance Noor, il combat (lui et l'équipe de la revue) l'idée d'un islam de lumières, un islam de l'entente, tourné vers les autres, et porteur d'un message d'ouverture et de paix.
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Par Noor, ils essaient de nous rappeler que ce qui a eu lieu est peut être encore possible et que, peut-être, l’œcuménisme n'est pas forcément mort avec Yithzak Rabin. À la mort de cet homme, d'autant plus remarquable qu'ancien faucon, disparaissait une moitié du héraut de paix qui aurait pu sauver le proche orient (l'autre moitié étant Yasser Arafat). Quelle ironie de se dire que ces deux chefs de guerre furent ceux qui s'approchèrent le plus de la paix dans ce secteur du monde... Et pourtant, peut-être pas : peut-être fallait il revenir de la guerre pour prendre la voie de la paix. Quelle ironie de se dire également que le nom d'Yithzak Rabin est soit honni, soit à moitié oublié dans son propre pays...
C'est l'exact contraire de Daech, d'Aqmi et consorts. Bien que non religieux, de culture ni arabe ni musulmane, il me semble important de se rappeler que, aussi étrangère que me soit la pensée religieuse (pour laquelle j'éprouve une certaine répulsion naturelle), l'islam ne se résume pas au petit Jihad que certains imposent au monde ; il contient aussi des trésors d'art, de pensée...
Toute construction intellectuelle devient ce qu'on en fait.